SNCF : Le monde découvre(enfin)le désastre(Arretsurimages)


Deux mois. Il aura fallu deux mois, pour que l'arnaque des "nouveaux tarifs" de la SNCF parvienne aux oreilles de la presse généraliste. Le même confrère du Monde Eric Béziat qui, le 7 mai dernier, recopiait pieusement les éléments de langage de la direction, sur la "tarification entièrement renouvelée", a enfin pris la mesure de l'arnaque. Administrés désormais par les régions, les tarifs de billets et d'abonnements sont devenus autant de mini-principautés, dont les règles changent en passant les frontières, par exemple  de l'Ile de France au Centre-Val de Loire. Les nouvelles cartes de réduction au nom ronflant sont toutes moins avantageuses que les anciennes (et je sais de quoi je parle). Il faut être une ministre des Transports en apesanteur, comme Elisabeth Borne, pour venir expliquer (sans être contredite) que "les prix du TGV  baissent depuis plusieurs années" (comment pourrait-on d'ailleurs la contredire, la SNCF étant allergique à l'open data, comme l'établissait une de nos anciennes émissions). La construction d'une alternative crédible à l'avion est mal partie.

Et encore a-t-il fallu, pour alerter les journalistes spécialisés, que ces désordres deviennent "visibles". Visibles, comme cette pancarte "les personnes sans rendez-vous ont actuellement un temps d'attente de 120 minutes",  placée devant la "Boutique voyages" de la gare Saint Lazare à Paris. Interrogée, la SNCF répond numérique, dématérialisation, millions de téléchargements, radieux horizon 2050. Elle répond applis miraculeuses, comme cet "assistant" auquel Le Monde, encore, consacrait un article ébaubi le mois dernier. Tant pis pour les vieux, les pauvres, les largués de la fracture numérique, si peu télégéniques, si peu médiatisables. Prenez-vous parfois le train en payant votre billet, Eric Béziat ? Avez-vous tenté d'acheter un billet en gare ? On me glisse dans l'oreillette que sur certaines lignes de banlieue (pardon : "trains du quotidien", pour parler la novlangue Borne), la SNCF met désormais en service des rames sans toilettes. Sans toilettes !  Une enquête du Monde racontera-t-elle la genèse de cette décision ?

Que fait la direction, pendant ce temps ? Croit-on qu'elle se calfeutre ? Mais non. Toute fiérote, elle fait visiter aux caméras de la télévision d'Etat les gares aux guichets fermés, où, transformant ses agents en agents immobiliers, elle s'efforce d'installer des épiceries solidaires (très chic devant les caméras, une "épicerie solidaire". Plus chic qu'une franchise de luxe.) "Où est le service public ?" demande une voyageuse, dans l'article du Monde. Bonne question.  La seule.

Source : Arretsurimage