La gare d'Austerlitz contaminée au plomb, une situation "extraordinairement grave"


La SNCF accuse l'entreprise MASCI de défaillance, celle-ci jure que la société de transport était avertie depuis juin 2018.

POLLUTION - MASCI, la PME chargée du traitement du plomb de la gare d’Austerlitz, et la SNCF se sont renvoyé ce mercredi 2 octobre la responsabilité de l’arrêt du chantier de déplombage dans la gare parisienne à la suite d’une pollution élevée mesurée sur place.

Mardi, la SNCF Gares & Connexions avait annoncé l’arrêt du chantier, en mettant en cause la société MASCI, basée à Richemont en Moselle. Elle lui reprochait de “méconnaître de manière grave et répétée ses obligations contractuelles” et d’être responsable de “manquements” dans le confinement des travaux.

Interrogé par l’AFP, le directeur général de MASCI, Philippe Lebon, a rejeté ce mercredi toute responsabilité dans la pollution du site. Selon lui, son entreprise a “progressivement découvert une situation de pollution historique extrêmement préoccupante qui dépasse largement le cadre des travaux qui lui ont été confiés”.

MASCI a alerté à plusieurs reprises la SNCF, a-t-il fait savoir. L’entreprise publique avait connaissance selon lui dès juin 2018 de “cette situation de pollution globale et historique de la gare”.

Les mesures demandées par MASCI à un laboratoire indépendant révèlent des taux de plomb “très largement supérieurs au seuil réglementaire de 1000 µg/m2” dans l’enceinte de la gare, a expliqué Philippe Lebon.

Selon ces mesures révélées par Le Parisien, “l’espace confort sous la grande halle, le 19 septembre, révélait un taux de 17.094 microgrammes (µg)/mètre carré. Pour la palissade à côté du Relay, c’est même plus de 25.000 µg/m2 et 37.000 dans la balayette d’un agent de propreté”.

“C’est une situation sanitaire extraordinairement grave”, a dénoncé le directeur général de MASCI. “MASCI ne reprendra pas ce chantier tant que ce problème n’aura pas été réglé”, a-t-il prévenu, rappelant que les autres entreprises travaillant sur place sans équipement, les riverains et les usagers étaient exposés à la pollution.

La SNCF menace MASCI d’action en justice

De son côté, la SNCF Gares & Connexions a déploré mercredi soir auprès de l’AFP ne pas avoir accès depuis plusieurs semaines “aux informations demandées sur les mesures de plomb et les dispositions que cette entreprise doit prendre (pour remédier à la situation), ce qui est pour le moins choquant”.

La filiale de la SNCF a demandé la tenue d’une commission inter-entreprises sur la sécurité et les conditions de travail (CIESCT) pour “mettre chacun devant ses responsabilités et obtenir de la part de l’entreprise MASCI (...) les informations souhaitées”, a indiqué à l’AFP Benoît Brunot, directeur des grands projets chez SNCF Gares & Connexions.

Cette commission doit se réunir lundi 7 octobre en début d’après-midi, a-t-il précisé.

En raison de l’inquiétude générée par la situation, “nous allons densifier dans les 24/48 heures les prises de mesure de niveau de plomb dans l’ensemble de la gare”, a-t-il annoncé, et les résultats seront communiqués “par souci de transparence”. “Au stade où cela en est et pour remédier à la situation”, le groupe se réserve également la possibilité “d’agir en justice” et étudie pour cela “plusieurs pistes”, a-t-il prévenu.

MASCI, spécialisée dans le traitement du plomb, est chargée depuis juin 2018 de “déplomber la charpente métallique et retirer les éléments en bois historiquement peints au plomb” de l’édifice, selon la SNCF.

D’après SNCF Gares & Connexions, “sur 250 mesures réalisées en zone publique dans différents points de la gare depuis septembre 2018, cinq ont dépassé le seuil réglementaire en raison des manquements de l’entreprise MASCI en matière de confinement de la zone de chantier”.

La SNCF assure avoir “mis en place toutes les dispositions permettant de garantir la sécurité des personnes et des biens sur le périmètre du chantier et ses abords”.

Source : Huffingtonpost