Le processus est enclenché. Les premières démarches ont été lancées pour les appels d’offres sur les lignes régionales, afin que des trains privés circulent à partir de 2021. Les fortes différences d’une région à l’autre reflètent le caractère politique du dossier lors de cette première phase d’ouverture à la concurrence. La région des Hauts-de-France, présidée par Xavier Bertrand, en conflit avec la SNCF, prépare ainsi les bases d’une bascule totale de son réseau, alors que d’autres, comme la Bretagne, veulent garder jalousement leurs petites lignes, les dessertes TGV et la logique de service public. Le processus d’appels d’offres ouvert deviendra néanmoins obligatoire à compter de 2023. Les régions les plus attachées à l’opérateur historique pourront renouveler leur convention une dernière fois avant cette date, pour une durée de dix ans.
Les « trains d’équilibre du territoire », autrefois appelés Corail, suivent la même procédure mais sont pilotés par l’État, tandis que les grandes lignes seront offertes à la concurrence en « frontal » à partir de 2020. Chaque sillon pourra aller à des entreprises ferroviaires privées, s’agissant dans la plupart des cas de filiales d’entreprises historiques de nos voisins allemand (Deutsche Bahn), italien (Thello, filiale de Trenitalia) ou espagnol (la Renfe). La SNCF a commencé à occuper le terrain en organisant sa propre concurrence via la filiale Ouigo, qui devrait représenter 25 % des circulations en 2020 et pourrait occuper les sillons les plus convoités pour empêcher les entreprises étrangères de s’y installer, en cassant les prix. Les meilleurs sillons pourraient donc, au moins dans un premier temps, basculer en low cost, ce qui fragilisera financièrement SNCF voyages et limitera sa capacité à organiser une péréquation permettant de financer les dessertes les moins rentables par des tarifs plus élevés sur les lignes convoitées.