La retraite à 62 ans sur la sellette


Pour faire face à un besoin de financement estimé par le Conseil d’orientation des retraites entre 7,9 et 17,2 milliards d’euros d’ici à 2025, le recul de l’âge de départ à la retraite est sur la table.

Y aura-t-il une autre réforme des retraites, avant celle annoncée par l'exécutif pour 2025? A moins de 20 jours du bras de fer syndical annoncé, le très attendu rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) risque de faire l'effet d'une bombe. Car ses conclusions ne laissent en l'état plus grand doute sur les intentions du gouvernement. Une réforme « comptable » serait déjà dans les tuyaux afin de répondre au besoin de financement du régime de retraites compris entre 7,9 et 17,2 milliards d'euros, selon un rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) transmis aux partenaires sociaux et qui doit être rendu officiellement vendredi. « Cela fait des mois que le gouvernement s'y prépare », concède un proche de l'exécutif.

Le président de la République comme le Premier ministre, Édouard Philippe, n'en ont jamais fait mystère : pour partir d'un bon pied avec la mise en œuvre du système universel par points qui vise à fusionner les 42 régimes existants, le régime devra être à l'équilibre en 2025… C'est d'ailleurs ce qui avait déjà été au cœur de la polémique au printemps dernier sur le possible recul de l'âge légal de la retraite, via une augmentation la durée de cotisation pour financer notamment la dépendance. Emmanuel Macron lui-même évoquait, sans plus de détails, la « nécessité de travailler davantage ». À la rentrée en septembre, comme pour préparer à nouveau les esprits, l'hôte de Matignon avait passé commande de ce rapport censé l'aider à prendre les décisions qui s'imposent…

Mesures drastiques

Le traitement de choc qui s'annonce pour redresser la barre risque d'ouvrir un nouveau foyer de colère. Les futurs retraités qui pensaient passer entre les gouttes de la future réforme, soit les générations nées entre 1959 et 1963, pourraient être finalement impactés. Le COR, parmi ses mesures drastiques, préconise de repousser « de 2,5 mois à 5,4 mois par génération l'âge d'ouverture des droits », indique le rapport. Autrement dit de passer d'ici à 2025 l'âge de départ à la retraite de 62 ans actuellement à 63 ans, « voir 64,3 ans pour la génération née en 1963 », selon les scénarios retenus.

Et ce n'est pas tout, le rapport suggère aussi d'accélérer le calendrier de la réforme Touraine. Celle-ci prévoit un allongement progressif de la durée de cotisation (curseur qui conditionne le taux plein sans malus) jusqu'en 2035. Le COR, lui, recommande de le faire en cinq ans (entre 2020 et 2025) : « la hausse de la durée d'assurance requise pour l'obtention du taux plein » actuellement de 42 ans devrait ainsi être augmentée « de l'ordre de 5 mois par génération » voir « jusqu'à 10 mois par génération ». « À titre d'exemple, la durée légale d'assurance pour la génération de 1963 serait de 44,1 ans contre 42 ans dans le régime actuel », précise le COR.

« Si ces deux hypothèses devaient être retenues, cela ne toucherait pas les bénéficiaires des dispositifs carrières longues et pénibilité », précise une source proche du dossier. L'exécutif pourrait encore décider de mettre en place un âge pivot à 64 ans assorti d'une décote et surcote, une option déjà mise sur la table par le Haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, pour le système universel.

D'autres pistes sont également avancées par le rapport, mais elles sont, selon nos informations, d'ores et déjà écartées. Il s'agit notamment de baisser les pensions liquidées entre 2021 et 2025 de 1,1 point dans le meilleur des cas voire d'aller jusqu'à 2,4 points. Du jamais-vu. Ou encore d'augmenter les cotisations de 0,7 point à 1,5 point, ce que réclament certains syndicats comme la CGT et FO. « Ces deux options seraient contraires à notre politique en faveur du pouvoir d'achat et de l'emploi », objecte cette source proche de l'exécutif.

« Il peut encore y avoir quelques changements »

Que va-t-il se passer en attendant les arbitrages du gouvernement ? Le document avec ses différents scénarios doit d'abord être validé (ou pas) lors d'une séance plénière jeudi du Conseil d'orientation des retraites avec les partenaires sociaux. « Il peut encore y avoir quelques changements », indique le COR.

Source : Le Parisien