SNCF : le PDG annonce un plan d’économies pour combler les pertes dues à la grève


Les pertes dues à la grève devraient approcher le milliard d’euros, selon le PDG du groupe, qui annonce devoir remettre les finances à flot. SUD-Rail argue d’un prétexte pour justifier un plan d’économies déjà annoncé.

Un mois après son arrivée aux commandes, Jean-Pierre Farandou, le président-directeur général (PDG) de la SNCF, se trouve confronté à l’une des plus grandes grèves de l’histoire de ce groupe né le 1er janvier 1938. Une grève qui lui coûte cher : elle devrait finalement approcher le milliard d’euros, selon les annonces de M. Farandou, jeudi 16 janvier. Pour remettre ses finances à flot et combler une partie des pertes dues à la grève, le patron du rail envisage ainsi un plan d’économies et des cessions. S’il est encore trop tôt pour quantifier les mesures envisagées, ce dernier a assuré qu’il n’était pas question de supprimer des emplois « sur le terrain ».

« S’il n’y avait pas eu la grève, on aurait fait une très bonne année 2019 », a fait valoir M. Farandou devant des journalistes. Mais le mouvement se prolonge et, « au grand total, on ne sera pas très loin du milliard » d’euros de pertes, a-t-il estimé, rappelant que l’entreprise se trouve déjà à 850 millions.

Sur cette somme, la grève commencée le 5 décembre se traduit par 600 millions d’euros de manque à gagner au titre de 2019, qui, pour faire simple, doivent correspondre à une perte nette du même montant. « Les 600 [millions d’euros] de l’année dernière, ils sont perdus », a jugé M. Farandou, se disant cependant incapable de calculer s’ils se traduiraient par une perte nette sur l’ensemble de l’exercice. En revanche, « on essaiera de rattraper » une partie des quelque 300 à 350 millions de pertes que devrait causer la grève cette année, a-t-il avancé.

M. Farandou a dit avoir promis au conseil d’administration de la SNCF « d’arriver fin février avec une évaluation plus fine des éléments et avec un plan qui traite de la situation ». « Il y aura un plan d’économies (…) qui essaiera de redresser ce qui peut l’être », a-t-il dit, sans précision sur son ampleur. « On pourra en parler, sachant que le budget était déjà serré. Mais je ne toucherai pas à l’emploi sur le terrain », a-t-il promis. « Il n’y aura pas d’impact sur l’emploi de production [non administratif] de ce plan pour faire face à la situation nouvelle créée par la grève et son impact économique ».

Prétexte du coût de la grève, selon les syndicats

« Sans même connaître son impact réel alors que la SNCF s’apprêtait à annoncer des chiffres record, on prend prétexte du coût de la seule grève pour justifier un plan d’économies déjà annoncé » par Jean-Pierre Farandou en octobre, a immédiatement réagi Erik Meyer, le secrétaire fédéral de SUD-Rail.

La SNCF s’est engagée à atteindre un équilibre économique [c’est-à-dire qu’elle doit assurer le fonctionnement du système ferroviaire sans endettement supplémentaire] avant 2022, en contrepartie de la reprise d’une bonne partie de la dette de SNCF Réseau par l’Etat. Le PDG se donne trois, quatre mois pour identifier les activités qui seront concernées, sachant que la question est liée au contrat de performance qui doit lier SNCF à l’Etat pour dix ans.

Concernant le conflit sur les retraites, « il n’y a plus rien à lâcher », a affirmé le patron de la SNCF, citant l’UNSA-Ferroviaire qui a, selon lui, jugé les conditions proposées aux cheminots « globalement au moins équivalentes » à l’ancien système.

Les mécanismes de transition [vers le régime universel] sont figés « et la SNCF doit » accompagner la réforme par des mécanismes internes, a-t-il noté.

Source : Le Monde