SNCF : 10 % de conducteurs en moins prévus pour le fret


Une centaine de postes sont menacés dans le transport de marchandises ainsi que des lignes, au moment où le gouvernement veut relancer cette activité.

Le futur ne s’annonce pas vraiment prometteur pour l’activité de transport de marchandises de la SNCF. Dans un document estampillé «confidentiel» dont Libération a pu prendre connaissance, la direction de l’entreprise prévoit de supprimer une centaine de postes de conducteurs de trains de marchandises. Le sujet sera abordé au cours d’un comité social d’entreprise (CSE) programmé les 2 et 3 septembre. Cette réduction d’effectifs est motivée, selon la direction de la SNCF par «une situation exceptionnelle» caractérisée par «une baisse brutale et imprévisible du niveau d’activité dans un contexte financier préoccupant».

D’ores et déjà 49 suppressions de poste ont été intégrées dans les plannings de cette année mais ce ne sera pas suffisant dans la mesure où la SNCF prévoit 60 postes en sureffectif d’ici décembre. Ces mesures ne se traduiront toutefois pas par des licenciements secs, mais des propositions de mutation pour les conducteurs vers d’autres activités de la SNCF : le transport de voyageurs sur les grandes lignes, ou encore dans les trains express régionaux (TER).

Deux lignes de marchandises mises en sommeil 

Il ne s’agit pas de la seule mesure d’économies envisagée par la direction de l’entreprise publique. A la suite de la crise sanitaire, la filiale fret de la SNCF a perdu quelques gros contrats de transport de marchandises, notamment avec le constructeur automobile Fiat ou encore le fabricant d’acier Arcelor. Afin de faire face à cette baisse d’activité, la SNCF a prévu de mettre en sommeil deux lignes de transport de marchandises : la première qui va de Calais à Orbassano (proximité de Turin) et la seconde qui relie Bettembourg (Luxembourg) à Barcelone.

Ces décisions, même si elles sont motivées par une baisse de la demande, sont toutefois surprenantes. L’Etat, actionnaire à 100 % de la SNCF, a laissé entendre à plusieurs reprises que le fret ferroviaire constitue un axe fort de sa politique de relance. Le 27 juillet, en déplacement à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne), le Premier ministre a annoncé la première étape «de son plan de reconquête ferroviaire». Les trains de marchandises qui s’acquittent d’un péage pour emprunter les voies ferrées en seront exemptés jusqu’à la fin de l’année. En 2021, les tarifs de ces mêmes péages seront réduits de 50 %, de manière à diminuer de 20 000 le nombre de poids lourds qui circulent sur les routes de France et de Navarre.

«Double discours»

Le décalage entre les ambitions gouvernementales sur le transport de marchandises par rail et la réduction programmée de la voilure chez SNCF Fret met, en tout cas, de fort méchante humeur les représentants des cheminots. «Nous sommes confrontés à un double discours», s’insurge Erik Meyer, secrétaire national de SUD rail.

La décision de la SNCF, si elle est maintenue, pourrait également compliquer les relations avec le gouvernement. L’Etat met en ce moment la dernière main à une aide financière pour aider l’entreprise ferroviaire à supporter les 4 milliards de pertes que lui a coûtées la crise sanitaire. Il n’est pas dit que ce signal négatif de réduction d’activité soit apprécié. Sollicité par Libération, le ministère des Transports n’a pas réagi à ces suppressions programmées d’effectifs et de trafic.

Source : Libération